L’observation des étoiles variables par les amateurs - BULLETIN N°38 -AVRIL 1995


Par Jean GUNTHER Membre de l’AFOEV.


L’observation des étoiles variables est un des domaines où l’amateur, même avec peu de temps et de moyens, peut faire oeuvre utile. Cela a été dit en particulier lors du congrès SAF de 1987 et confirmé lors d’un
récent colloque organisé à Bruxelles, où l’ensemble des organisations d’amateurs mondiales et de nombreux professionnels étaient présents.

L’association Française des Observateurs d’étoiles Variables (AFOEV), a été fondée en 1921 par A. BRUN en liaison étroite avec l’Observatoire de Lyon. Ce dernier ayant cessé de se sentir concerné par le sujet, la liaison avec le monde de l’Astronomie professionnelle est actuellement assurée d’une part par notre secrétaire scientifique, D. PROUST, de l’Observatoire de Meudon, d’autre part le fait que notre siège est à l’Observatoire de Strasbourg, ville ou réside notre Président, E. SCHWEITZER (16 rue de Plobsheim, 67100 STRASBOURG). On verra plus loin le rôle important joué par l’Observatoire de Strasbourg dans nos travaux.


Le domaine d’activité de l’AFOEV comprend toutes les étoiles variables qui sont susceptibles de varier d’au moins une magnitude, à l’exclusion des céphéides, RR LYR et éclipsantes. Ces trois catégories d’étoiles,
qui d’ailleurs, dans leur immense majorité, varie de moins de une magnitude, nécessitent en effet une approche différente et sont traitées par d’autres groupes. La limitation à une amplitude de variation d’au moins une magnitude est justifiée par le fait que les évaluations visuelles présentent un écart type d’au moins 0.2 magnitude, éventuellement plus si l’étoile est très rouge et/ou mal située. Quelques observateurs de l’AFOEV utilisent des photomètres photoélectriques, mais cette technique reste d’accès difficile pour des amateurs et ne se justifie pas pour les étoiles à amplitude de variation
large, auxquelles nous nous limitons. Quant aux techniques photographiques, elles sont d’emploi limité et ne peuvent apporter qu’un complément par rapport aux évaluations visuelles.

Les étoiles variables correspondant au domaine ainsi délimité sont très nombreuses ; plusieurs centaines sont accessibles, au moins pendant une partie de leur cycle, à un télescope de 200mm, équipement maintenant
courant. Même ceux qui ne disposent que de jumelles ont des dizaines d’étoiles accessibles.

L’évaluation des magnitudes se fait par interpolation entre étoiles ’éclat connu et supposé constant. Cela nécessite pour chaque variable des cartes, lesquelles sont diffusées par l’Association à ses membres.
On trouvera ci-joint un exemple de carte.
Les observations effectuées sont envoyées mensuellement au Président, soit sur papier, soit de plus en plus sur disquette (l’AFOEV diffuse les
logiciels de saisie nécessaires). Elles sont vérifiées, certaines sont éliminées parce que manifestement erronées ou inutiles (par exemple si un observateur voit une étoile plus faible que 13 alors qu’au même
moment un autre la voit plus faible que 14). Les observations restantes sont stockée dans une base se données intégrée au Centre de Données Stellaires géré pour la communauté astronomique mondiale par
l’Observatoire de Strasbourg.

Les observations sont publiées trimestriellement dans le Bulletin de l’Association, ce qui permet à chaque observateur de situer ce qu’il a fait par rapport aux autres. Le Bulletin contient également des articles de fond, en particulier le résultat du dépouillement des mesures (par exemple les dates observées des maxima et minima de variables à longues périodes) ainsi qu’une analyse bibliographique des travaux professionnels concernant le type d’étoiles observé. Une copie des observations est envoyée, sur support informatique, à l’association américaine AAVSO, qui les intègre à sa propre base de données mais ne publie pas sur support papier.

Près d’un million d’observations sont maintenant archivées et la récolte annuelle approche 100000 grâce en particulier à l’apport de nombreux observateurs étrangers. Par rapport à sa population la Hongrie est certainement le pays le plus productif.

En plus du Bulletin, une note de liaison bimensuelle (La Bonne Etoile) donne les informations récentes sur les phénomènes particuliers observés ou à suivre. De plus les observateurs se communiquent les dernières nouvelles par le réseau MINICOM.

La publication et l’archivage informatique des observations brutes permet d’envisager tout traitement ou réinterprétation ultérieur qui s’avérerait intéressant. La plupart des étoiles observées présentent en
effet des irrégularités dans leur courbe de lumière qui peuvent révéler une évolution et ne pas apparaître lors d’un premier dépouillement.

Bien entendu on peut tracer des courbes de lumière à partir des fichiers, on trouvera ci-joint un exemple de ce qui est obtenu. Cette figure comporte les courbes de deux variables à longue période visible à
l’oeil nu lors de leur maxima (dont MIRA CETI également appelée OMICRON CETI, prototype de sa classe) et d’une éruptive, prototype également de sa classe, dont les crises surviennent à intervalles assez irréguliers.